BSH des nappes du bassin Adour-Garonne au 1er janvier 2023

Le Bulletin de Situation Hydrologique (BSH) est un outil de veille hydrologique qui permet de suivre l’évolution du débit des principaux cours d’eau et des réserves en eaux souterraines, notamment en période d’étiage.

Vous pouvez retrouver plus d’informations sur la manière dont le Bulletin de Situation Hydrologique des nappes est calculé par le BRGM et présenté à l’échelle du bassin Adour-Garonne ici.

Les 6 indicateurs et les 32 points de suivi du bassin Adour-Garonne sont décrits dans l’article suivant.

Le BSH du bassin Rhône-Méditerranée est par ailleurs disponible sur le SIE Rhône-Méditerranée.

Commentaire général au 09/01/2023 :
Si les températures sont restées très supérieures à la normale en fin d’année 2022, le mois de décembre s’est caractérisée par une pluviométrie normale sur la majeure partie du bassin Adour-Garonne, seule la partie sud-est (Tarn, Haute-Garonne, Ariège) ayant encore été marquée par une sécheresse modérée à grande. Toutefois, sur le dernier trimestre 2022, c’est toute la moitié est et sud du bassin qui est marquée par un déficit de pluviométrie modéré à grand, impactant directement la recharge.
Si la pluviométrie n’a été nulle part excédentaire, elle permet toutefois d’amorcer une recharge progressive des nappes, le nombre d’indicateurs en hausse passant de 17% en octobre à 44% en novembre pour atteindre 70% en décembre. Avec seulement deux indicateurs (7%) dont le niveau continue de baisser, la période de recharge est donc entamée quasiment partout, même si ce démarrage a été tardif.
En matière d’IPS, à l’instar des mois précédents, les évolutions ont été un peu plus nombreuses, puisque les indices IPS n’ont pas changé sur deux-tiers (63%) des indicateurs, comme en octobre (et contre trois-quarts en novembre). Toutefois, contrairement aux mois précédents cette fois, sur 30% des indicateurs l’IPS a augmenté d’une (27%) ou deux (3%) classes, contre une baisse d’une classe de l’IPS sur deux indicateurs (7%) seulement. Cela traduit une recharge excédentaire dans certains secteurs du bassin Adour-Garonne, comme la plaine de l’Adour.
La tendance des mois précédents, avec une majorité d’indicateurs présentant un niveau inférieur à la moyenne s’est maintenue en novembre et décembre, avec toujours trois-quarts (77%) des piézomètres, une situation plus connue dans le bassin depuis le printemps 2017, soit l’année de mise en place de l’indicateur IPS. Plus précisément, le mois de décembre est proche du mois d’octobre et se caractérise par :

  • Un seul niveau haut (3%) et aucun niveau très haut, comme en octobre (0 en novembre) ;
  • 3% de niveaux modérément hauts, deux fois moins qu’en octobre ;
  • 17% de niveaux proches de la moyenne, dans la lignée des mois précédents ;
  • 40% de niveaux modérément bas, contre 34% en octobre ;
  • 37% de niveaux bas (20%) ou très bas (17%), contre 41% en octobre et un pic à 50% en novembre, inédit sur le bassin Adour-Garonne depuis la mise en place de l’indicateur IPS au début de l’année 2017.

A l’échelle du bassin, après deux années humides avec un étiage plutôt favorable, il faut donc remonter à 2017 pour voir des secteurs avec des niveaux aussi bas que pour ce mois de décembre 2022. Et encore, la situation était un peu meilleure en 2017 et les niveaux étaient ensuite fortement remontés début 2018, sous l’influence de fortes précipitations.
Au niveau géographique, à l’image des mois précédents, la situation reste relativement proche de la moyenne pour les nappes alluviales du bassin. Inversement, elle reste plus défavorable pour le Plio-Quaternaire aquitain et les calcaires karstifiés du Jurassique, et particulièrement critique pour les calcaires du Crétacé.

BSH AG 2022 12


Bilan Global IPS


Bilan Global Evol


BSH Compar IP 2022 12

Aquifères calcaires libres du Crétacé supérieur du Périgord et du bassin angoumois
Pour les aquifères calcaires libres du Crétacé supérieur du Périgord et du bassin angoumois, les niveaux sont majoritairement orientés à la hausse en décembre 2022. La seule exception vient du piézomètre de Mortagne-sur-Gironde (17, estuaire Gironde), dont le niveau reste orienté à la baisse.
En matière d’IPS, signe d’une recharge malheureusement pas excédentaire, les indices IPS n’ont pas progressé depuis deux mois, se maintenant à un niveau très bas à Bourrou (24, SO Périgueux) et bas à Saint-Agnant (17, Sud Rochefort). Dans la partie orientale du système aquifère  , à Dignac (16, SE Angoulême) et Mortagne-sur-Gironde, l’indice IPS a même chuté de modérément bas à bas en novembre, et même de bas à très bas à Dignac en décembre.
A l’échelle du système aquifère  , la situation est désormais plus critique que pour les aquifères calcaires karstifiés du Jurassique, à l’inverse des mois précédents et ce secteur devient le plus déficitaire du bassin.
A la fin du mois de décembre, sous l’influence d’une recharge entamée dans les derniers jours de l’année, les niveaux sont supérieurs au niveau d’étiage moyen (HMNA) de 1,0 et 1,6 m à Saint-Agnant et Dignac, mais toujours inférieurs au HMNA à Bourrou (-8 cm) et Mortagne-sur-Gironde (-1,6 m).

Chroniques IG17

Nappes alluviales de la Garonne aval et de la Dordogne
Pour les nappes alluviales de la Garonne aval et de la Dordogne, les niveaux sont majoritairement orientés à la hausse en décembre 2022. La seule exception vient du piézomètre de La Force (24, Ouest Bergerac), dont le niveau reste orienté à la baisse.
En matière d’IPS, les évolutions sont très limitées, puisque, sur les deux derniers mois de 2022, la seule modification concerne une hausse d’une classe en décembre à Sauveterre-Saint-Denis (47, SE Agen), dont le niveau passe de modérément haut à haut, soit le niveau relatif le plus élevé de tous les indicateurs du bassin. Ailleurs, les niveaux restent proches de la moyenne à Latresne (33, SE Bordeaux) et modérément bas à La Force et Marcellus (47, Ouest Marmande).
A l’échelle du système aquifère  , la situation est donc proche de la moyenne, ce qui en fait un des secteurs les moins défavorisés du bassin.
Fin décembre, certains niveaux restent toutefois sous le niveau d’étiage moyen (HMNA) : 24 et 9 cm sous le HMNA respectivement à La Force et Marcellus. Par contre, à Sauveterre-Saint-Denis (+37 cm) et Latresne (+62 cm), les niveaux restent supérieurs au HMNA.

Chroniques IG18

Nappe du Plio-Quaternaire aquitain
Pour les indicateurs ponctuels de la nappe du Plio-Quaternaire aquitain, les niveaux sont partout orientés à la hausse en décembre 2022.
Quant à l’IPS, s’il est resté stable au Temple (33, Ouest Bordeaux, niveau modérément bas) et à Saucats (33, Sud Bordeaux, niveau très bas), il a augmenté d’une classe pour les deux autres piézomètres disposant de suffisamment de données, passant de bas à modérément bas aussi bien à Lanton (33, O-SO Bordeaux) qu’à Ychoux (40, Sud bassin d’Arcachon), signe d’une recharge un peu excédentaire dans ces secteurs.
A l’échelle du système aquifère  , les niveaux sont donc désormais partout modérément bas à l’exception de Campet-et-Lamolère (40, Ouest Mont-de-Marsan, pas de données mais niveau proche de la moyenne en novembre) et Saucats. Rappelons que pour ce piézomètre, au battement saisonnier plus important que les autres, marqué par de très fortes baisses du niveau piézométrique   pendant l’été, l’IPS est systématiquement inférieur à la moyenne depuis la mise en place de cet indicateur début 2017, à l’exception de 7 mois en 2020 et 2021. Ces résultats suggèrent une tendance à la baisse sur la chronique, même si l’absence de données quotidiennes avant juin 2008 ne permet pas d’étayer mathématiquement cette analyse.
Fin décembre, le niveau y restait donc inférieur au niveau d’étiage moyen (HMNA) de 47 cm, mais en hausse de près d’1 m depuis fin octobre. Sur les autres piézomètres, le niveau est repassé au-dessus du HMNA, de 68 (Ychoux) à 90 cm (Lanton).

Chroniques IG19

Nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau
Pour la nappe alluviale de l’Adour, les niveaux sont partout orientés à la hausse en décembre 2022.
En matière d’IPS, le mois de décembre a été marqué par une hausse d’une classe sur chacun des trois piézomètres placés dans la vallée de l’Adour, signe d’une recharge excédentaire en fin d’année. Toutefois, suite à une baisse en novembre, le niveau reste modérément bas en amont à Laloubère (65, Sud Tarbes), tandis qu’il devient proche de la moyenne à Lafitole (65, Nord Tarbes) et modérément haut en aval à Tarsac (32, SE Mont-de-Marsan). Enfin, il était modérément haut en novembre à Saint-Cricq-du-Gave (40, Ouest Orthez).
A l’échelle du système aquifère  , la situation est donc proche de la moyenne, ce qui en fait un des secteurs les moins défavorisés du bassin.
Fin décembre, les niveaux sont supérieurs au niveau d’étiage moyen (HMNA) de respectivement 14 (Lafitole) à 51 cm (Laloubère).
Pour rappel, le piézomètre de Lafitole a un battement très limité du fait de son emplacement et présente aussi une chronique plus longue, incluant les années très humides de la première moitié des années 1990.

Chroniques IG20

Nappes alluviales de la Garonne amont et de ses principaux affluents
Pour les nappes alluviales de la Garonne amont et de ses principaux affluents, les niveaux sont majoritairement stables en décembre 2022. Les seules exceptions concernent les piézomètres de Bioule (82, Est Montauban) et Saint-Elix (31, NE Cazères), dont les niveaux orientés à la hausse suivent, eux, la tendance majoritaire à l’échelle du bassin. La moindre réactivité de ces nappes alluviales explique cette tendance majoritaire différente des autres ensembles aquifères du bassin.
En matière d’IPS, les évolutions sont limitées, puisque, sur les deux derniers mois de 2022, seuls les piézomètres du Fauga (31, Sud Muret, -1 classe en novembre) et d’Ondes (31, Nord Toulouse, -2 classes, 1 chaque mois) ont vu leur IPS baisser, signe d’une recharge déficitaire pour le moment. Les niveaux se répartissent entre niveaux bas (2 piézomètres, plutôt au sud), niveaux modérément bas (2 piézomètres, au nord) et niveaux proches de la moyenne (3 piézomètres). La situation à l’échelle de ce système aquifère   est donc actuellement un peu plus défavorable que pour les autres nappes alluviales du bassin.
Fin décembre, les niveaux restent inférieurs au niveau d’étiage moyen (HMNA) de 7 (Bioule) à 39 cm (Verniolle, 09, Sud Pamiers) sur les 4 piézomètres au niveau bas à modérément bas. Sur les 3 piézomètres au niveau proche de la moyenne, ils sont supérieurs au HMNA de 8 (Ondes) à 21 cm (Saint-Elix).

Chroniques IG21

Aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur
Pour les aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur, les niveaux sont majoritairement orientés à la hausse en décembre 2022. Les seules exceptions concernent deux sources des Causses, Lantouy (12, est Cahors) et le Cernon (12, Sud Millau), dont les niveaux sont restés stables.
En matière d’IPS, les évolutions ont été limitées ces deux derniers mois, en particulier dans les Causses, où seul le ruisseau des Bardels (12, Nord Rodez) a vu son niveau passer de bas à modérément bas en décembre. Dans la partie charentaise de l’aquifère, où la situation était particulièrement critique en septembre et octobre (niveaux très bas partout), la situation a un peu plus évolué : passage d’un niveau très bas à bas en décembre à Ballans (17, NO Angoulême) et passage d’un niveau très bas à bas en novembre puis à modérément bas en décembre à Saint-Projet (16, NE Angoulême).
Ceci dit, les niveaux restent très bas à Ruffec (16, Nord Angoulême) et pour la source du Lantouy, et bas pour le ruisseau du Blagour de Souillac (46, Nord Souillac), ainsi que pour le piézomètre de Ballans donc. Sur les quatre autres points de suivi, les niveaux sont modérément bas. Au final, la situation est donc un peu moins pour ce système aquifère   qu’au début de l’automne.
Dans les Causses, de par la nature même du régime hydrologique des sources, les niveaux sont toujours proches du niveau d’étiage moyen (HMNA). Fin décembre, ils restent en-dessous de 1 à 2 cm pour le Lantouy et le Cernon, mais sont au-dessus de 3 à 18 cm pour les autres sources. Dans les Charentes, pour ces piézomètres au fort battement, la recharge est déjà conséquente à Ballans (+2,6 m/HMNA) et Saint-Projet (+4,6 m/HMNA) mais encore limitée sur le moins réactif des trois, Ruffec (-1 cm/HMNA).

Chroniques IG22N


Chroniques IG22S

Vous pouvez également consulter le BSH national au 1er janvier 2023 (liens actifs quelques jours après la publication de cet article).
Le bulletin et la carte nationale au format PDF sont téléchargeables en bas de la page indiquée dans le lien.

Pour rappel vous pouvez consulter le BSH du bassin Rhône-Méditerranée sur le SIE.

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