BSH des nappes du bassin Adour-Garonne au 1er novembre 2022

Le Bulletin de Situation Hydrologique (BSH) est un outil de veille hydrologique qui permet de suivre l’évolution du débit des principaux cours d’eau et des réserves en eaux souterraines, notamment en période d’étiage.

Vous pouvez retrouver plus d’informations sur la manière dont le Bulletin de Situation Hydrologique des nappes est calculé par le BRGM et présenté à l’échelle du bassin Adour-Garonne ici.

Les 6 indicateurs et les 32 points de suivi du bassin Adour-Garonne sont décrits dans l’article suivant.

Le BSH du bassin Rhône-Méditerranée est par ailleurs disponible sur le SIE Rhône-Méditerranée.

Commentaire général au 04/11/2022 :
Si la fin du mois de septembre 2022 semblait marquer le début de l’année hydrologique 2022-2023 avec une baisse des températures et des précipitations conséquentes laissant penser au début de la période de recharge, la météorologie du mois d’octobre est venue contredire cette prévision. En effet, le début de l’automne a été caractérisé par des températures exceptionnellement élevées et une sécheresse extrême dans le sud du bassin Adour-Garonne. Les précipitations ont toutefois été conformes à la normale dans la partie nord-ouest du bassin (Charentes, Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne).
Ainsi, si le nombre d’indicateurs présentant un niveau orienté à la baisse diminue du fait de l’existence de ces secteurs moins déficitaires en apports pluviométriques, le niveau a continué de baisser en octobre sur près de la moitié des piézomètres (48%, contre 65% en septembre). La part des niveaux stabilisés (34%) et des niveaux en hausse (17%) continue de monter mais, à l’échelle du bassin, on peut considérer que la recharge n’a pas véritablement commencé.
En matière d’IPS, les évolutions ont été un peu plus nombreuses, puisque, si deux-tiers (66%) des indices IPS n’ont pas changé en octobre, une baisse d’une classe est enregistrée sur 28% des indicateurs, alors qu’une augmentation d’une classe n’est constatée que sur 2 indicateurs (7%). Cela traduit un déficit de recharge dans certains secteurs du bassin Adour-Garonne.
La tendance des mois précédents, avec une majorité d’indicateurs présentant un niveau inférieur à la moyenne s’est amplifiée en octobre, puisque trois-quarts (76%) des piézomètres sont désormais concernés, une situation plus connue dans le bassin depuis le printemps 2017, soit l’année de mise en place de l’indicateur IPS. Plus précisément, le mois d’octobre amplifie à la baisse la tendance des mois précédents et se caractérise par :

  • Un seul niveau haut (3%) et aucun niveau très haut, comme en septembre ;
  • 7% de niveaux modérément hauts, deux fois moins qu’en septembre ;
  • 14% de niveaux proches de la moyenne, contre 23% en septembre ;
  • 34% de niveaux modérément bas, contre 23% en septembre ;
  • 41% de niveaux bas (21%) ou très bas (21%), la barre des 40% étant franchie pour la première fois depuis fin 2017.

A l’échelle du bassin, après deux années humides avec un étiage plutôt favorable, il faut donc remonter à 2017, année de mise en place de l’indicateur IPS, pour voir des secteurs avec des niveaux aussi bas que pour ce mois d’octobre 2022. Les secteurs les plus problématiques à l’époque (aquifères calcaires du Crétacé et nappes alluviales de la Garonne amont et affluents) étaient toutefois différents de ceux d’aujourd’hui.
Au niveau géographique, à l’image des mois précédents, la situation reste en effet proche de la moyenne pour toutes les nappes alluviales du bassin. Inversement, elle reste plus défavorable pour les calcaires du Crétacé et le Plio-Quaternaire aquitain et particulièrement critique pour les calcaires karstifiés du Jurassique.

BSH AG 2022 10


Bilan Global IPS


Bilan Global Evol


BSH Compar IP 2022 10

Aquifères calcaires libres du Crétacé supérieur du Périgord et du bassin angoumois
Pour les aquifères calcaires libres du Crétacé supérieur du Périgord et du bassin angoumois, les niveaux restent partout orientés à la baisse en octobre 2022.
En matière d’IPS, signe d’une décharge plutôt conforme à la normale dans ce secteur qui a connu des précipitations proches de la moyenne en octobre, seul l’indice du piézomètre de Dignac (16, SE Angoulême, niveau désormais proche de la moyenne) a évolué en octobre, passant d’un niveau proche de la moyenne à modérément bas. Cela reste toutefois le niveau le plus favorable avec celui de Mortagne-sur-Gironde (17, estuaire Gironde) puisque les niveaux restent respectivement bas et très bas à Saint-Agnant (17, Sud Rochefort) et Bourrou (24, SO Périgueux). A l’échelle du système aquifère  , la situation se rapproche donc encore un peu plus de la situation nettement déficitaire des aquifères calcaires karstifiés du Jurassique et de la nappe du Plio-Quaternaire aquitain.
A la fin du mois d’octobre, les niveaux restent partout sous le niveau d’étiage moyen (HMNA) de 0,40 (Bourrou) à 1,54 m (Mortagne-sur-Gironde). La seule exception concerne le piézomètre de Dignac, où le niveau reste supérieur de 39 cm au HMNA.

Chroniques IG17

Nappes alluviales de la Garonne aval et de la Dordogne
Les nappes alluviales de la Garonne aval et de la Dordogne ont connu des évolutions contrastées suivant les secteurs en octobre 2022 : niveaux orientés à la hausse à Sauveterre-Saint-Denis (47, SE Agen) et Latresne (33, SE Bordeaux), stables à Marcellus (47, Ouest Marmande), dont le niveau mensuel moyen ne baisse plus depuis août, et toujours en baisse à La Force (24, Ouest Bergerac).
En matière d’IPS, les évolutions sont limitées mais concernent trois des quatre piézomètres : baisse d’une classe à Marcellus (de proche de la moyenne vers modérément bas) et Latresne (de modérément haut vers proche de la moyenne) et hausse d’une classe à Sauveterre-Saint-Denis (de proche de la moyenne à modérément haut). Enfin, à La Force, le niveau reste modérément bas depuis mars.
Fin octobre, les niveaux restent partout proches du niveau d’étiage moyen (HMNA) : 17 cm sous le HMNA à La Force et Marcellus, respectivement 14 et 22 cm au-dessus du HMNA à Sauveterre-Saint-Denis et Latresne.

Chroniques IG18

Nappe du Plio-Quaternaire aquitain
Pour les indicateurs ponctuels de la nappe du Plio-Quaternaire aquitain, aucun des niveaux moyens mensuels disponibles n’est orienté à la baisse : il est stable à l’ouest de Bordeaux, au Temple (33) et à Lanton (33) et en hausse plus au sud, à Saucats (33, Sud Bordeaux) et Ychoux (40, Sud bassin d’Arcachon).
Quant à l’IPS, s’il est resté stable à Lanton (niveau bas) et Saucats (niveau très bas), il a changé d’une classe pour les deux autres piézomètres disposant de suffisamment de données : baisse pour Lanton (de proche de la moyenne à modérément bas) et hausse pour Ychoux (de très bas à bas). A noter que malgré cette baisse d’une classe d’IPS, le niveau à Lanton reste le moins critique de ce système aquifère   pour ce mois d’octobre 2022.
Rappelons que pour le piézomètre de Saucats, au battement saisonnier plus important que les autres, marqué par de très fortes baisses du niveau piézométrique   pendant l’été, l’IPS est systématiquement inférieur à la moyenne depuis la mise en place de cet indicateur début 2017, à l’exception de 7 mois en 2020 et 2021. Ces résultats suggèrent une tendance à la baisse sur la chronique, même si l’absence de données quotidiennes avant juin 2008 ne permet pas d’étayer mathématiquement cette analyse.
Fin octobre, le niveau y était donc inférieur au niveau d’étiage moyen (HMNA) de 1,4 m, en hausse toutefois de 40 cm par rapport à fin septembre. Sur les autres piézomètres, le niveau est resté sous le HMNA, de 1,3 (Le Temple) à 31 cm (Ychoux).

Chroniques IG19

Nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau
Les nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau ont connu des évolutions contrastées suivant les secteurs en octobre 2022 : niveaux orientés à la hausse à l’ouest à Saint-Cricq-du-Gave (40, Ouest Orthez), stables à Tarsac (32, SE Mont-de-Marsan) et Lafitole (65, Nord Tarbes) et en baisse seulement dans la partie amont de la vallée de l’Adour, à Laloubère (65, Sud Tarbes).
En matière d’IPS, la situation est moins contrastée puisqu’une seule évolution est constatée, avec une baisse d’une classe sur le piézomètre de Laloubère, dont le niveau, proche de la moyenne en septembre, redevient modérément bas en octobre, comme il l’était en juillet et août. Ailleurs, les niveaux restent modérément bas à Lafitole, proches de la moyenne à Tarsac et modérément hauts à Saint-Cricq-du-Gave.
Fin octobre, les niveaux restent supérieurs au niveau d’étiage moyen (HMNA) de respectivement 20 et 34 cm à Laloubère et Saint-Cricq-du-Gave. Ils repassent sous le HMNA de 4 cm à Tarsac, et restent sous le HMNA de 19 cm à Lafitole.
Pour rappel, ce dernier piézomètre a un battement très limité du fait de son emplacement et présente aussi une chronique plus longue, incluant les années très humides de la première moitié des années 1990.

Chroniques IG20

Nappes alluviales de la Garonne amont et de ses principaux affluents
Pour les nappes alluviales de la Garonne amont et de ses principaux affluents, les niveaux restent partout orientés à la baisse en octobre 2022, à une seule exception : le niveau s’est stabilisé à Ondes (31, Nord Toulouse). Le déficit de précipitations, particulièrement criant dans ce secteur, ainsi que la moindre réactivité de ces nappes alluviales expliquent cette tendance différente des autres nappes alluviales du bassin.
En matière d’IPS, les évolutions sont également limitées, puisque seuls les piézomètres de Saint-Porquier (82, SE Castelsarrasin) et Saint-Elix (31, NE Cazères) se caractérisent par une baisse d’une classe, faisant passer leur niveau de modérément haut à proche de la moyenne. Ailleurs, les niveaux restent modérément bas, avec toutefois deux extrêmes qui se confirment : un niveau haut à Ondes et un niveau bas à Verniolle (09, Sud Pamiers), dans la vallée de l’Ariège.
Fin octobre, les niveaux restent supérieurs au niveau d’étiage moyen (HMNA) respectivement de 9 et 6 cm à Ondes et Saint-Porquier, mais ils passent sous le HMNA de 2 cm à Saint-Elix. Sur les 3 piézomètres au niveau modérément bas, ils restent sous le HMNA de 15 à 19 cm. Enfin, à Verniolle, dont la baisse est la plus marquée, le niveau est désormais 37 cm sous le HMNA.

Chroniques IG21

Aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur
Pour les aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur, les niveaux sont majoritairement stables en octobre 2022, en particulier dans les Causses, dans la continuité des mois précédents. Inversement, en Charentes, les niveaux de Ruffec (16, Nord Angoulême) et Ballans (17, NO Angoulême) sont orientés à la baisse.
En matière d’IPS, ici aussi, les évolutions sont très limitées, puisqu’elles se limitent, pour les ouvrages dont les données étaient disponibles, à une baisse d’une classe pour le ruisseau des Bardels (12, Nord Rodez), dont le niveau passe de modérément bas à bas. Ce niveau bas caractérise aussi le ruisseau du Blagour de Souillac (46, Nord Souillac), tandis que la source de Lantouy (12, est Cahors) ainsi que les trois piézomètres charentais présentent toujours des niveaux très bas. En l’absence des données de la source du Cernon, dont le niveau était proche de la moyenne en août et septembre, la situation est donc particulièrement critique pour ce système aquifère  .
Dans les Causses, de par la nature même du régime hydrologique des sources, les niveaux sont toujours proches du niveau d’étiage moyen (HMNA), mais systématiquement en-dessous de 2 à 5 cm à fin octobre. Dans les Charentes, pour ces piézomètres au fort battement, les niveaux restent également sous le HMNA en septembre, de 1,2 m à Ruffec, 2,3 m à Ballans et 7,0 m à Saint-Projet (16, NE Angoulême), dont le battement est le plus considérable des trois, même si la baisse est beaucoup plus limitée en septembre que sur les deux mois précédents.

Chroniques IG22N


Chroniques IG22S

Vous pouvez également consulter le BSH national au 1er novembre 2022 (liens actifs quelques jours après la publication de cet article).
Le bulletin et la carte nationale au format PDF sont téléchargeables en bas de la page indiquée dans le lien.

Pour rappel vous pouvez consulter le BSH du bassin Rhône-Méditerranée sur le SIE.

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