BSH des nappes du bassin Adour-Garonne au 1er avril 2020

Le Bulletin de Situation Hydrologique (BSH) est un outil de veille hydrologique qui permet de suivre l’évolution du débit des principaux cours d’eau et des réserves en eaux souterraines, notamment en période d’étiage.

Vous pouvez retrouver plus d’informations sur la manière dont le Bulletin de Situation Hydrologique des nappes est calculé par le BRGM ici.

Les 6 indicateurs et les 32 points de suivi du bassin Adour-Garonne sont décrits dans l’article suivant.

Afin de visualiser plus rapidement les tendances des derniers mois et de comparer la situation à la même époque les années précédentes, les IPS des derniers mois, et des mêmes mois des années antérieures sont présentés sous forme graphique, en complément de l’indice IPS et de la tendance du mois dernier.

En plus de ces cartographies, toutes les chroniques piézométriques (évolution des niveaux sur les 30 dernières années et sur la dernière année) sont présentées simultanément pour chaque système aquifère  , à l’exception des aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur, séparés en partie nord (Charentes) et sud (sources des Causses).

Afin de comparer l’évolution des niveaux sur un même graphique, le niveau piézométrique   se voit soustraire la moyenne des niveaux mensuels moyens d’étiage ou HMNA [1]. Cela permet à la fois de comparer les recharges / tarissements entre les différents secteurs d’un même système aquifère  , et de positionner le niveau par rapport à celui d’un étiage moyen. Comme pour le calcul des IPS, ce dernier point est toutefois conditionné par le fait que les chroniques n’ont pas la même durée et peuvent recouper des cycles hydrologiques différents.

Commentaire général au 06/04/2020 :
En ce début avril 2020, les nappes libres [2] du bassin Adour-Garonne ont désormais bénéficié de l’essentiel de leur recharge 2019-2020. Celle-ci aura été nettement supérieure à la moyenne à la suite des précipitations conséquentes de novembre et décembre 2019 ainsi que des fortes pluies de fin février et début mars 2020.
Ces plus récentes précipitations contribuent à la hausse des niveaux mensuels moyens sur 90% des indicateurs ponctuels du bassin Adour-Garonne, alors que les niveaux étaient majoritairement stabilisés et à la baisse lors des mois de janvier et février, plus secs.

En terme d’IPS, après un mois de décembre caractérisé par des niveaux exceptionnellement hauts (77% de niveaux très hauts) et, plus récemment, par un mois de février marqué par un retour à des niveaux plus proches de la moyenne (majoritairement compris entre modérément bas et modérément hauts), ce mois de mars se caractérise par :

  • Un retour à une prédominance des niveaux hauts et très hauts, caractérisant désormais 76% des indicateurs ponctuels, contre 88% en décembre mais seulement 18% en février ;
  • Contrairement à décembre, où les niveaux très hauts dominaient (77%), les niveaux hauts et très hauts sont également répartis (38% chacun) ;
  • Pour la première fois depuis la mise en place du nouvel indicateur IPS (janvier 2017), aucun indicateur ponctuel ne présente un niveau inférieur à la moyenne mensuelle ;
  • Les niveaux proches de la moyenne (10%) se retrouvent en particulier dans la nappe alluviale de l’Adour (2 indicateurs sur 4).

A l’approche de la fin de la période de recharge 2019-2020, la tendance globale à l’échelle du bassin Adour-Garonne est donc à des niveaux hauts. La recharge s’est principalement déroulée en deux phases, en novembre – décembre, puis fin février – début mars, avec une période plus sèche entre les deux. Alors que la croissance végétale va désormais diminuer les pluies efficaces, le printemps démarre avec une situation remarquable où aucun des indicateurs ponctuels choisis pour suivre l’évolution du niveau des nappes libres ne présente un niveau inférieur à la moyenne.

BSH AG 2020 03


Bilan Global


BSH Compar IP

Aquifères calcaires libres du Crétacé supérieur du Périgord et du bassin angoumois
Tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant sur la période fin février – début mars avant un début de récession à la fin des précipitations. Suivant la réactivité locale de la nappe, les hausses de niveaux ont atteint jusqu’à 6 m ou se sont limitées à moins de 1 m.
Pour les deux piézomètres aux plus forts battements (Dignac, 16, SE Angoulême et Mortagne-sur-Gironde, 17, estuaire Gironde), les niveaux restent très supérieurs au niveau d’étiage moyen, de 7,5 à 8,5 m à fin mars.
Pour Bourrou (24, SO Périgueux), moins réactif aux précipitations que les autres, le niveau ne reste supérieur au HMNA que d’environ 1 m à la fin du mois de mars.
Toutefois, comme pour les deux autres, les niveaux moyens mensuels sont hauts à très hauts pour un mois de mars.

Chroniques IG17

Nappes alluviales de la Garonne aval et de la Dordogne
Tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant sur la période fin février – début mars avant un début de récession à la fin des précipitations. Suivant la réactivité locale de la nappe, les hausses de niveaux ont atteint plus de 1 m ou se sont limitées à quelques décimètres.
Marcellus (47, Ouest Marmande) est le piézomètre le plus réactif, avec des niveaux qui ont bondi jusqu’à 5 m au-dessus du niveau d’étiage moyen en décembre et sont désormais plus de 2 m au-dessus du HMNA fin mars. La Force (24, Ouest Bergerac) est moins réactif mais sa recharge a été également notable et se situe près de 1,5 m au-dessus du HMNA à la fin mars. Pour les autres points de suivi, aux battements moins importants, les niveaux sont autour de 1 m au-dessus du HMNA à la fin mars.
Ces niveaux correspondent tous à des niveaux très hauts pour un mois de mars.

Chroniques IG18

Nappe du Plio-Quaternaire aquitain
Tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant sur la période fin février – début mars avant un début de récession à la fin des précipitations. Sur cette nappe globalement moins réactive que les autres nappes libres du bassin, les recharges de début mars se sont limitées à quelques décimètres.
Les niveaux sont hauts à très hauts au Temple et à Lanton (33, Ouest Bordeaux), ainsi qu’à Ychoux (40, Sud bassin d’Arcachon). Comme en décembre, ils redeviennent proches de la moyenne à Saucats (33, Sud Bordeaux). Toutefois, depuis la mise en place de l’indicateur IPS en 2017, c’est la première fois que les niveaux ne sont pas inférieurs à la moyenne (de très bas à modérément bas) dans ce secteur.
Ainsi, sur ce piézomètre au fort battement, le niveau est remonté de près de 3,8 m depuis septembre 2019 et est désormais environ 1,5 m au-dessus du niveau d’étiage moyen.
C’est également le cas pour les autres piézomètres, dont le niveau à fin mars est entre 1 et 2 m au-dessus du HMNA, depuis la fin du mois de décembre.
La seule exception concerne le piézomètre de Campet-et-Lamolère (40, Ouest Mont-de-Marsan), pour lequel le niveau à la mi-janvier n’était qu’environ 0,8 m au-dessus du HMNA, mais pour lequel aucune donnée n’a pu être collectée depuis.

Chroniques IG19

Nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau
Tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant sur la période fin février – début mars avant un début de récession à la fin des précipitations. Suivant la réactivité locale de la nappe, les hausses de niveaux ont atteint plus de 1 m ou se sont limitées à quelques décimètres.
Les niveaux sont proches de la moyenne en amont, à Laloubère (65, Sud Tarbes), et dans la partie centrale, à Lafitole (65, Nord Tarbes), alors qu’ils redeviennent très hauts plus en aval, à Tarsac (32, SE Mont-de-Marsan).
Dans la partie centrale, à Lafitole (65, Nord Tarbes), ils sont même désormais bas. Toutefois, le battement de la nappe est très faible (environ 0,5 m) et la chronique est plus longue à Lafitole, incluant notamment le milieu des années 1990 et ses niveaux hauts. Le niveau reste toutefois au-dessus du niveau d’étiage moyen sur ces deux derniers mois.
A Laloubère et Tarsac, le niveau reste autour de 1 m au-dessus du HMNA à la fin mars, même s’il a baissé de 1 à 1,5 m par rapport aux maxima enregistrés mi-décembre. A Lafitole, le niveau n’est supérieur au HMNA que de quelques centimètres, mais le battement de la nappe est très faible (environ 0,5 m) et la chronique est plus longue, incluant notamment le milieu des années 1990 et ses niveaux hauts. Le niveau reste toutefois au-dessus du niveau d’étiage moyen depuis début novembre.

Chroniques IG20

Nappes alluviales de la Garonne amont et de ses principaux affluents
A l’exception d’Ondes (31, Nord Toulouse) où le niveau est stable, tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant généralement sur le début du mois de mars avant un début de récession à la fin des précipitations, à l’exception du secteur du confluent Garonne-Tarn (Saint-Porquier, 82, SE Castelsarrasin et Les Barthes, 82, Est Moissac), un secteur moins réactif aux précipitations. Suivant ces différences de réactivité locale de la nappe, les hausses de niveaux ont atteint 1 m ou se sont limitées à quelques décimètres.
En terme d’IPS, les niveaux varient de proches de la moyenne (Saint-Porquier) à très hauts (Bioule, 82, Est Montauban), mais sont majoritairement modérément hauts à hauts. Dans le cas de Saint-Porquier, l’IPS moins élevé s’explique par une chronique nettement plus longue, que les autres, incluant notamment le milieu des années 1990 et ses niveaux hauts.
Toutefois, le niveau y est comme partout ailleurs supérieur au niveau d’étiage moyen. Les niveaux à fin mars sont supérieurs au HMNA de 0,3 (Saint-Porquier) à 2,2 m (Saint-Elix, 31, NE Cazères).

Chroniques IG21

Aquifères calcaires karstifiés libres du Jurassique moyen et supérieur
A l’exception de Ruffec (16, Nord Angoulême) et du Cernon (12, Sud Millau) où les niveaux sont stables, tous les indicateurs ponctuels suivent la tendance à la hausse des niveaux moyens en mars, cette hausse se concentrant sur la période fin février – début mars avant un début de récession à la fin des précipitations. Suivant les différences de réactivité locale de la nappe, les hausses de niveaux ont atteint 6 m ou se sont limitées à quelques décimètres.
Si, dans le cas de Ruffec, l’absence de hausse du niveau mensuel moyen s’explique par une faible réactivité de la nappe, dans le cas du Cernon, elle s’explique par une lacune de données entre le 6 et le 15 mars, durant la période de précipitations qui a vu les niveaux des autres sources des Causses fortement augmenter.
En terme d’IPS, cela se traduit par un niveau modérément haut dû à cette lacune pour le Cernon. Ailleurs, les niveaux sont majoritairement hauts, voire très hauts pour le Lantouy (12, Est Cahors) et à Saint-Projet (16, NE Angoulême).
Sur les piézomètres charentais, les niveaux restent supérieurs au niveau d’étiage moyen de 8 à 17 m à fin mars.
Pour les systèmes karstiques des Causses dont le niveau est suivi via celui des sources constituant leurs exutoires, l’amplitude de variation des niveaux est évidemment moindre, et la réactivité aux épisodes de précipitations est encore plus marquée. Les niveaux, restent supérieurs de 0,1 à 0,25 m au HMNA à la fin du mois de mars, avec un niveau plus élevé pour la Gourgue (82, Est Caussade), très sensible aux précipitations, et moindre pour le Cernon et les Bardels (12, Nord Rodez), aux battements plus faibles.

Chroniques IG22N


Chroniques IG22S

Vous pouvez également consulter le BSH national au 1er avril 2020 (liens actifs quelques jours après la publication de cet article).
Le bulletin et la carte nationale au format PDF sont téléchargeables en bas de la page indiquée dans le lien.

[1HMNA = minimum sur l’année des moyennes mensuelles (correspondant généralement dans le bassin Adour-Garonne à un mois compris entre août et octobre).

[2En anglais, unconfined aquifers

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