Les aquifères karstiques d’Occitanie

Nouvel article mis en ligne en novembre 2022

L’Occitanie renferme plusieurs systèmes karstiques exploités pour l’alimentation en eau potable. Ils font l’objet depuis plusieurs années d’études à différentes échelles, depuis celle systémique jusqu’à l’échelle régionale afin d’améliorer la gestion de leurs ressources.

Les aquifères karstiques d’Occitanie

Karsts des plateaux calcaires du Jurassique et du Crétacé

Dans le département du Lot, les aquifères karstiques du Jurassique moyen et supérieur affleurent pour former les Causses du Quercy qui rassemblent le Causse de Martel, de Gramat, et de Limogne, de Saint-Chels et de Caylus (ce dernier est plutôt situé dans le département de Tarn-et-Garonne). Les formations calcaires plongent ensuite vers le sud-ouest sous le Kimméridgien supérieur, le Crétacé et le Tertiaire pour former des aquifères captifs. Dans ce secteur, l’ensemble des terrains du Jurassique moyen et supérieur constitue un ensemble carbonaté d’une puissance de l’ordre de 500 m, qui est le siège de circulations importantes d’eau souterraine, grâce à un système de réseaux karstiques très développé.

Les lits marneux du Bathonien (Dogger) viennent parfois ralentir l’infiltration de l’eau, et des sources apparaissent alors (exemple  : la Caunhe à Cajarc), mais pour l’ensemble de la formation, les niveaux marneux ne représentent que 5 % de l’épaisseur, et ils ne sont pas suffisamment épais pour provoquer un cloisonnement efficace.

Dans le département de l’Aveyron, les aquifères carbonatées karstifiés du Jurassique moyen et supérieur affleurent pour former les Grands Causses, rassemblant le Causse Comtal, Causse de Séverac, Causse de Massegros et Causse de Sauveterre, Causse Noir, Causse Méjean et Causse du Larzac pour le Dogger-Malm. Le Causse Rouge, le Causse de Saint Affrique et de Caussanus sont formés par des dépôts d’âge liasique. Ces hauts plateaux calcaires (maximum de 1247 m d’altitude) sont faiblement inclinés en direction de l’Ouest et entaillés par des gorges profondes de 400 à 500 mètres (Tarn, Jonte, Dourbie etc.).

Bloc 3D Nord-Est/Sud-Ouest du Bassin Aquitain

Dans le département de l’Hérault, des terrains mesozoïques comportant des aquifères carbonatés ont été identifiés sous couverture cenozoïque sur le secteur de l’agglomération de Béziers. Un premier site a été étudié, permettant de mettre en évidence la présence d’une ressource en eau souterraine à faible potentiel hydrogéologique dans les calcaires jurassiques dits de la Galiberte. Un second site d’étude a permis d’identifier un aquifère karstique   à fort potentiel de production, développé dans les calcaires du Crétacé, localisé sous environ 145 m de marnes du Miocène.

Karsts pyrénéens

Les karsts de montagne, comme les Pyrénées, correspondent pour la plupart à des massifs isolés, constitués de séries calcaires puissantes, portées en altitude. Ces karsts sont les plus évolutifs et montrent les gouffres les plus profonds et les réseaux les plus développés (Nicod, 1995).

Le massif d’Arbas fait partie du premier relief important des Pyrénées. Situé à environ 70 km au sud de Toulouse, il est localisé à la limite des départements de la Haute-Garonne et de l’Ariège. La karstification intense qui caractérise ce massif a attiré l’attention de nombreux chercheurs. Le massif d’Arbas, et particulièrement le monoclinal constitué par la série secondaire, située au nord de la faille de la Fontaine d’Ours, fait partie des zones karstiques les plus connues au monde. C’est grâce au réseau spéléologique qu’il renferme que la zone a gagné sa reconnaissance internationale, notamment dans le monde des spéléologues qui débutèrent les explorations dans les années 1940. La thèse de V. Horoi, 2007 aborde le sujet de l’influence de la géologie sur la karstification en comparant le massif d’Arbas et le massif d’Obarsia Closani – Piatra Mare en Roumanie.

A cheval sur les départements de l’Ariège et de l’Aude, le plateau de calcaire de Sault renferme des aquifères carbonatés. Les réserves en eaux souterraines contenues dans ces aquifères karstiques sont présentes dans un environnement géologique compliqué de par sa position pyrénéenne, et situés dans les terrains très anciens datant de l’ère Primaire (Paléozoïque).

Le département de l’Ariège renferme de nombreuses autres zones karstiques. Parmi elles, le massif de l’Estelas-Balaguères, qui renferme deux systèmes karstiques  : le système karstique   d’Aliou, au nord du massif, marqué par une hétérogénéité importante de la lithologie (44% de calcaires purs, 36% de roches dolomitiques et 20% de terrains non karstiques), et le système karstique   du Baget, au sud de celui d’Aliou, qui présente une lithologie homogène de calcaires cristallins. Ses réserves de tarissement (part de la réserve d’un aquifère karstique   dont la vidange en régime non influencé fournit le débit décroissant aux exutoires) ont été évaluées entre 1 et 3,6 millions de m3. A l’image des autres systèmes pyrénéens, le Baget présente un étiage prononcé en automne. Les plus hautes eaux s’observent quant à elles en février et en avril.
Le système karstique   de Fontestorbes, tout aussi emblématique, appartient à la partie occidentale du Pays de Sault. Ce système se caractérise par une grande hétérogénéité lithologique, à savoir des terrains cristallins et paléozoïques à 17%, des formations mésozoïques, essentiellement des calcaires métamorphisés pour 20% de l’ensemble et des calcaires non métamorphisés pour 63%. Les terrains non karstiques représentent seulement 17% de la superficie du bassin. La source de Fontestorbes représente l’exutoire principal de ce système. Les réserves de tarissement (correspondant à peu près à l’ensemble du karst   noyé captif) sont estimées à 25 millions de m3.

Une actualisation de la synthèse hydrogéologique du département ariégeois a été réalisée en 2012 par le BRGMLe rapport est disponible en téléchargement.

Dans le département des Pyrénées-Orientales, on retrouve le karst des Corbières qui est un système karstique   binaire complexe en connexion avec le milieu marin. Il est constitué d’affleurements calcaires sur plusieurs centaines de km2. La ressource en eau souterraine y est importante mais peu exploitée, en dehors des sources pour l’alimentation en eau potable.

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