Contexte et objectifs

Le projet « Évaluation des ressources en eau souterraine des aquifères carbonatés sous couverture sur le secteur de Béziers » fait suite à l’étude de faisabilité réalisée en 2009 par le BRGM (Fleury et al., 2009). Il résulte d’une convention de Recherche et Développement partagés entre la Communauté d’Agglomération Béziers Méditerranée (CABM) et le BRGM. Il s’agit d’un projet de recherche cofinancé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, la CABM et le BRGM.

Localisation de l’agglomération de Béziers et de l’emprise de la zone d’étude sur la carte géologique à 1/250 000 (feuille n°38 – Montpellier), avec position des principales structures géologiques connues régionalement

L’objectif de cette étude était d’apporter de nouveaux éléments de compréhension sur la nature et le fonctionnement des aquifères carbonatés sous couverture sur le secteur de l’Agglomération de Béziers Méditerranée. En effet, ce type d’aquifère était encore méconnu et il existe peu d’informations à l’échelle mondiale sur la reconnaissance de ces systèmes, en particulier par rapport à leurs capacités aquifères. Un projet de recherche a été réalisé en 2009, sur le Sud-Est de la France, afin d’identifier les grands secteurs favorables. Ce dernier concluait que le choix des secteurs à prospecter devrait se faire à partir de la reconnaissance des structures profondes, mais aussi en associant ces structures avec le développement potentiel de la karstification.

Le projet a donc été phasé en deux temps :

  • Phase 1 (en 2011 et 2012) : définition des zones favorables pour l’implantation d’ouvrages de reconnaissance (BRGM/RP-60640-FR),
  • Phase 2 (en 2014) : réalisation de ces ouvrages, afin de caractériser la ressource des aquifères carbonatés sous couverture (BRGM/RP-64541-FR).

Le retraitement et l’interprétation de profils sismiques ont permis de déterminer deux grands secteurs favorables pour l’implantation d’ouvrages de reconnaissance. Afin de préciser les lieux d’implantation des ouvrages sur ces zones, une prospection par la méthode de sismique réflexion a été mise en œuvre. Elle a permis de positionner plus précisément les deux sites d’implantation, par rapport à la structure des formations reconnues (profondeur du toit des calcaires potentiellement karstifiés) et des objets géologiques rencontrés (réseau de failles notamment).

Méthodologie d’interprétation géologique des profils sismiques (exemple issu du rapport BRGM/RP-60640-FR)

Sur le premier site à proximité de la Chapelle « Notre Dame de la Consolation » au Sud-Ouest de Béziers, secteur Bayssan, la reconnaissance par forage a été effectuée sur les calcaires jurassiques dits de la Galiberte entre les mois d’août et octobre 2014. Ces calcaires sont localement sous faible recouvrement sédimentaire (quelques dizaines de mètres). Malheureusement cet ouvrage n’a pas recoupé de venue d’eau significative. A la fin de la foration à 205 m de profondeur le débit était d’environ 10 m3/h. Aussi, au vu de ce faible débit, il a été décidé de ne pas poursuivre les investigations sur l’ouvrage.

Le second site sur le secteur de Cabrials au Sud-Est de Béziers, a permis d’étudier l’aquifère karstique   développé dans les calcaires du Crétacé, localisé sous environ 145 m de couverture sédimentaire (marnes du Miocène). L’ouvrage a atteint 252 m de profondeur. Une zone à forte karstification (réseau de fractures ouvertes et conduits décimétriques) a été recoupée au toit des calcaires (147-152 m), occasionnant le drainage d’une importante ressource en eau. A l’issue de la foration le débit au soufflage à 250 m était supérieur à 200 m3/h. Des essais hydrauliques (pompage par paliers et longue durée au débit de 165 m3/h) ont été réalisés du 15 au 27 décembre 2014. Ces derniers ont été accompagnés d’un suivi physicochimique.

En l’état actuel des connaissances sur cet ouvrage, il a été conseillé un débit d’exploitation maximal de 180 m3/h (pompage 24h/24, 7j/7), ce qui représente un prélèvement annuel aux alentours de 1,58 Mm3. A ce débit, le niveau d’eau devrait rapidement stabiliser vers 71 m de profondeur permettant d’assurer un fonctionnement correct de la pompe.

En parallèle, lors de ces essais, un suivi des niveaux d’eau sur les ouvrages localisés à proximité captant des aquifères superficiels a été réalisé. Ce suivi a montré l’absence d’impact de l’essai de pompage d’une durée de cinq jours sur ces ressources superficielles.

Les teneurs en chlorures (468 mg/L) et sodium (274 mg/L) mesurées étant supérieures aux normes de qualité d’eau brute pour l’alimentation en eau potable, l’eau ne peut pas être utilisée à des fins de consommation humaine.

D’autres pistes d’utilisation de l’eau peuvent néanmoins être envisagées, comme la géothermie (température de 26°C) ou l’irrigation.

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Karsts sous couverture Béziers