Contexte et objectifs

Le karst   des Corbières a été étudié depuis le début des années 2000 par le BRGM afin de caractériser sa structure, son fonctionnement hydrogéologique et les ressources qu’il renferme. Le vaste système karstique   des Corbières est constitué d’affleurements calcaires sur plusieurs centaines de km². La ressource en eau souterraine y est importante mais peu exploitée, en dehors des sources pour l’alimentation en eau potable (les Adoux sur la commune de Fenouillet et la Tirounère à Saint-Paul-de-Fenouillet). L’exploitation d’un système karstique   est généralement complexe puisque les chances de recouper une zone productive sont limitées du fait de circulations hétérogènes en profondeur particulièrement difficiles à identifier depuis la surface.

Au vu des besoins en eau croissants sur le secteur côtier des Pyrénées-Orientales, cette ressource représente un enjeu majeur pour les gestionnaires du territoire. Afin d’envisager son exploitation et définir des secteurs potentiels d’exploitation, il a été nécessaire de mener un programme d’étude pour comprendre sa structure, le fonctionnement de la nappe et l’état de la ressource.

C’est dans ce cadre qu’a débuté le projet Corbières, étude multipartenariale associant les départements des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’ancienne région Languedoc-Roussillon et de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerrannée-Corse. Le projet a été coordonné par le BRGM de 2000 à 2014.

Les études scientifiques menées ont tout d’abord permis de comprendre l’histoire géologique et la mise en place de la karstification au sein de la nappe des Corbières depuis le Crétacé. Ces nouvelles connaissances ont rendu possible la caractérisation du fonctionnement hydrogéologique du karst   des Corbières et de son système complexe en connexion avec le milieu marin.

La nappe des Corbières est un système karstique   binaire. Sa recharge est assurée à la fois par les pluies sur le bassin d’alimentation calcaire sur une surface de 165 km² et par une infiltration directe des cours d’eau du Verdouble et de l’Agly (au niveau des zones de pertes dans ces cours d’eau).

Fonctionnement hydrogéologique du karst des Corbières

Les campagnes de mesures de débits et d’analyse des eaux ont permis de déterminer les caractéristiques hydrodynamiques et géochimiques de la nappe. Le débit moyen des principaux exutoires est de 2,5 m³/s, soit près de 80 Mm³/an. Aussi, le karst   alimente en souterrain l’aquifère du Plio-Quaternaire de la Plaine du Roussillon.

Malgré une production potentiellement intéressante pour l’exploitation, l’eau de la nappe des Corbières est saumâtre dans sa partie côtière en raison des intrusions salines, donc impropre à la consommation (fortes teneurs en chlorures retrouvées au niveau des deux sources principales : Fontdame et Fontestramar). C’est pourquoi, en vue d’une exploitation future, des forages de reconnaissance ont été réalisés à l’intérieur des terres. Les études hydrogéologiques se sont orientées sur la recherche de zones productives caractérisées par une eau exempte de contaminations par les eaux salées.

Deux secteurs ont ainsi été identifiés :

• Sur la commune de Salses-Le-Château : la réalisation du forage de Robol a permis de démontrer l’existence d’un réseau de drainage karstique   profond. Avec un débit d’exploitation supérieur à 200 m³/h la ressource exploitable est jugée importante (cf. rapport BRGM RP-57612-FR),
• Sur la commune de Cases-de-Pène : les investigations menées en 2003 sur le forage recoupant le karst   des Corbières sur le secteur du Bas Agly, ont montré que l’ouvrage pourrait être exploité à un débit de 300 m³/h.

Exploitation des ressources en eau du karst des Corbières

Au travers de ces 2 forages la ressource en eau souterraine pourrait être exploitée sans impact significatif sur l’alimentation en eau douce de l’étang ni celle des nappes du Roussillon. Le volume exploitable permettrait d’assurer l’alimentation en eau potable de 100 000 habitants, en complément des nappes de la plaine du Roussillon (qui alimentent aujourd’hui 700 000 foyers).

Afin de préserver la ressource, des programmes d’actions sont menés depuis plusieurs années sur le bassin de l’Agly pour réduire la concentration en pesticides.

Pour plus d’informations sur l’exploitation des eaux souterraines en fonction des usages, vous pouvez consulter le site du Syndicat Mixte des nappes de la plaine du Roussillon.