Contexte et objectifs

L’objectif de ce projet est d’établir une typologie des formations de la chaîne pyrénéenne en terme de potentialités aquifères, et de hiérarchiser ces formations en fonction de leur intérêt hydrogéologique sur l’ensemble de l’ex-région Midi-Pyrénées. Il sera notamment proposé une carte de synthèse et un atlas hydrogéologique restituant les résultats de la hiérarchisation à une échelle adaptée à la vision régionale (1/250 000), en y intégrant toutes les recommandations qui permettront de mieux guider le choix des décideurs sur la sélection des secteurs pour lesquels une évaluation détaillée des potentialités aquifères pourra être mise en œuvre dans le cadre d’une action locale concertée.

L’ensemble des spécificités d’une zone de montagnes, comme celle de la chaîne des Pyrénées, induit une multitude de contraintes de travail ne permettant pas de retenir une approche méthodologique unique dans la détermination des potentialités aquifères des formations géologiques en présence. Il s’agit d’allier une approche visant à capitaliser, valoriser et critiquer les données existantes, à une approche visant à acquérir de façon ciblée de nouvelles données hydrogéologiques de terrain. Ainsi, la démarche engagée est structurée selon 3 principaux axes de travail :

Une approche hydrologique à l’échelle des bassins versants de la zone POTAPYR, focalisée sur la période d’étiage, a permis de disposer d’indicateurs de la contribution des eaux souterraines aux écoulements des cours d’eau pyrénéens. Ce travail a été réalisé à partir des chroniques de débits des stations hydrométriques les plus représentatives de la zone POTAPYR. Au total 69 stations ont été sélectionnées pour un traitement statistique des chroniques de débits. Ce travail est retranscrit, d’une part sous la forme de fiches de synthèse par station traitée récapitulant les résultats obtenus et les interprétations et commentaires qui en découlent, et d’autre part d’un point de vue global à l’échelle de la zone afin de tenter d’identifier des secteurs plus ou moins contributeurs en eaux souterraines.

Les résultats obtenus sont disparates selon les stations traitées et apparaissent globalement peu concluants vis-à-vis de l’objectif recherché, principalement en raison de la taille trop importante des bassins versants, peu homogènes sur le plan géologique et souvent influencés par différents aménagements hydrauliques ayant tendance à masquer la contribution des eaux souterraines à l’écoulement des rivières. Ce constat a conduit à la nécessité d’acquérir des données complémentaires issues de jaugeages ponctuels sur des cours d’eau, dont les bassins versants sont considérés comme homogènes sur les plans géologiques et hydrogéologiques, et peu à pas influencés par des aménagements. Une campagne de jaugeages de 65 cours d’eau a donc été entreprise durant l’étiage 2015 (octobre – novembre) permettant de calculer des débits spécifiques ponctuels d’étiage fiables, pouvant être associés à une contribution en eaux souterraines issue d’un aquifère déterminé. Ainsi, les jaugeages réalisés ont permis d’évaluer les débits spécifiques ponctuels d’étiage de 56 types de formations géologiques.

Une approche par reconnaissances hydrogéologiques de terrain d’ampleur a été menée afin de pouvoir évaluer les potentialités aquifères de l’ensemble des formations géologiques de la zone d’étude. La multiplicité des points d’observation est destinée à permettre une meilleure extrapolation des interprétations effectuées à l’ensemble des formations en présence.

Au total 1001 points d’arrêt ont été effectués dans le cadre des campagnes de reconnaissances hydrogéologiques. Parmi eux, 422 points concernent des sources et 224 des cours d’eau, représentant un total de 1927 mesures effectuées in situ. Les autres points correspondent en grande partie (330) à des observations hydrogéologiques et géologiques sur des affleurements et des descriptions géomorphologiques du paysage.

Une approche par compilation des données présentes dans la bibliographie existante dans le domaine de l’hydrogéologie a été entreprise. Cette dernière s’est révélée relativement pauvre sur la zone d’étude. A noter toutefois les travaux de thèse de C. Salic (1985) ayant trait aux karsts pyrénéens entre les vallées de la Neste et de l’Aude, sur lesquels le programme POTAPYR s’est largement appuyé. En complément des informations collectées à partir des quelques thèses existantes au regard de la vaste étendue du secteur d’étude, et afin de disposer d’un nombre suffisant de données permettant d’extrapoler les interprétations effectuées au niveau des points de reconnaissance de terrain, il a été décidé de valoriser l’ensemble des études ponctuelles réalisées sur la multitude de captages d’eau potable présents sur la zone d’étude. Il s’agit quasi exclusivement de rapports d’Hydrogéologues Agréés (HA) en matière de santé et d’hygiène publique.

Au total, 855 avis hydrogéologiques sur la protection sanitaire de points d’eau captés pour un usage d’eau potable (représentant 453 rapports d’Hydrogéologues Agréés) ont été inventoriés dans la présente approche bibliographique. 755 valeurs de débit de sources et 605 mesures de conductivité électrique de leur eau ont été extraites de ces rapports. Un total de 2459 mesures de débit ou de paramètres physico-chimiques a ainsi été obtenu en complément de celles acquises lors des campagnes de reconnaissances hydrogéologiques.

Carte Hydrogéologique POTAPYR

A partir de l’ensemble de ces données et résultats obtenus dans le projet, une carte hydrogéologique de l’ensemble du secteur d’étude POTAPYR a été établie à l’échelle 1/200000 ainsi qu’un Atlas hydrogéologique des potentialités aquifères comprenant 32 fascicules, restituant les résultats des reconnaissances de terrain et les travaux de synthèse à une échelle adaptée à une gestion locale. Il y est notamment intégré toutes les informations selon 7 thématiques générales (contexte géographique et physique, géologie, contexte climatique, hydrologie, hydrogéologie, tableaux de données, références) qui permettront de mieux guider le choix des décideurs sur la sélection des secteurs pour lesquels une évaluation détaillée des potentialités aquifères pourra être mise en œuvre dans le cadre d’actions locales concertées et cohérentes à l’échelle du massif.

L’ensemble de ces résultats permet une réelle avancée dans l’amélioration des connaissances hydrogéologiques du massif pyrénéen, notamment dans le rôle essentiel joué par les eaux souterraines au soutien d’étiage des cours d’eau pyrénéens. La contribution en eau souterraine sur la zone POTAPYR représenterait ainsi approximativement entre 64 et 80% des écoulements des cours d’eau en période d’étiage. Le débit spécifique en eau souterraine est estimé entre environ 9 et 11 l/s/km2 selon les hypothèses retenues, correspondant à un débit instantané en eau souterraine équivalent entre 66 et 80 m3/s, soit un volume annuel approximatif estimé entre 2,0 et 2,5 milliards de m3.

Néanmoins, ces travaux et résultats ne constituent qu’une étape dans la connaissance des aquifères pyrénéens sur laquelle l’ensemble des acteurs de l’eau pourra s’appuyer dans le futur, et rebondir pour prolonger la démarche entreprise. En s’appropriant ces travaux, et en les abondant de nouvelles connaissances à partir d’actions de programmation complémentaires, les acteurs de l’eau pourront ainsi contribuer à l’élaboration de documents et d’outils nécessaires pour mener à terme une gestion efficace et cohérente sur ce territoire de montagnes, et ainsi mieux affronter les enjeux du futur. Cette perspective s’appuie sur des axes d’amélioration de la connaissance indispensable qui ont été mis en exergue dans le programme POTAPYR.

Partenaires financiers du programme POTAPYR
<span class="caps">BRGM</span> Agence de l'Eau Adour Garonne Région Midi-Pyrénées Europe

Revenir en haut